Comment l’industrie agroalimentaire peut se réinventer pour faire face à la crise des droits de douane ?
La hausse des tarifs douaniers américains représente un défi majeur pour les exportateurs de produits alimentaires. Les invendus s’accumulent, les prix baissent et l’emploi est menacé. Pour transformer cette crise en une opportunité, l’application du framework, axé sur la durabilité et l’agilité, offre une feuille de route pertinente.
1. L’agilité pour s’adapter
Plutôt que d’attendre l’évolution des négociations douanières, les entreprises doivent agir immédiatement sur trois leviers :
- Réorientation des stocks : Il faut rapidement identifier les stocks destinés au marché américain pour les réorienter vers d’autres circuits. Une marque comme Ricola, dont les bonbons aux herbes sont un produit de niche, pourrait les proposer à des distributeurs en Asie, où la demande pour les produits de bien-être est en forte croissance. Les invendus de l’été pourraient être rapidement reconditionnés en paquets pour l’hiver, en misant sur le caractère apaisant des herbes.
- Vente en ligne directe : Pour ne pas dépendre de distributeurs internationaux, il est crucial de développer une stratégie de vente en ligne directe. Pour un produit comme le fromage Tête de moine, une plateforme d’e-commerce permettrait de contourner les intermédiaires et d’atteindre directement les consommateurs en Europe ou au Canada, même si les volumes sont plus faibles.
- Cycles de production courts : Le modèle « Fast » incite à raccourcir les cycles de production. L’entreprise peut privilégier la production de petites séries de produits adaptés à un nouveau marché testé, évitant ainsi de s’engager sur des volumes importants qui pourraient devenir des invendus.
2. Briser les silos et collaborer
Face à la crise, les partenariats stratégiques deviennent essentiels pour ouvrir de nouveaux marchés :
- Mutualisation des efforts : Plutôt que de concurrencer les autres entreprises agroalimentaires, la mutualisation des efforts est une stratégie gagnante. Plusieurs producteurs de fromages suisses, par exemple, pourraient s’unir pour créer une plateforme de distribution commune pour l’Europe ou le Japon, partageant ainsi les coûts logistiques et commerciaux.
- Partenariats intersectoriels : L’ouverture à d’autres secteurs peut créer des opportunités insoupçonnées. Un producteur de Tête de moine pourrait s’associer à une entreprise spécialisée dans les coffrets-cadeaux pour proposer des « boxes gourmandes » à des marchés de niche, incluant du vin, du pain ou de la charcuterie.
3. Oser l’innovation
Sortir de sa zone de confort pour explorer des territoires inconnus, tant géographiques que conceptuels :
- Exploration de nouveaux marchés : L’entreprise doit se tourner vers des marchés inexplorés ou moins saturés par la concurrence. Les pays d’Asie du Sud-Est, l’Amérique du Sud ou certaines régions d’Afrique peuvent être des alternatives viables, avec des attentes de consommation différentes.
- Nouveaux produits dérivés : L’innovation peut aussi venir de l’utilisation de la matière première. Plutôt que de jeter les invendus, il est possible de les transformer. Un producteur de Tête de moine pourrait envisager de récupérer le fromage non vendu pour en faire une base de fondue ou d’autres plats cuisinés, ce qui permettrait de créer une nouvelle gamme de produits et de réduire le gaspillage.
4. Tester et valider
Tester de nouvelles idées de manière rapide et peu coûteuse. L’échec n’est pas une fatalité, mais une source d’apprentissage :
- Lancement de produits pilotes : Avant de lancer un nouveau produit ou de s’installer sur un nouveau marché, il est préférable de faire des tests à petite échelle. Par exemple, Ricola pourrait lancer une série limitée de ses produits sur un marché en ligne pour évaluer la demande avant d’investir massivement.
- Campagnes marketing ciblées : Les entreprises peuvent tester différents messages marketing et différentes plateformes publicitaires sur de nouveaux marchés pour comprendre ce qui résonne auprès de leur nouvelle clientèle, sans engager de gros budgets. Les données recueillies permettront de valider ou d’ajuster la stratégie commerciale à long terme.
En suivant ces principes, les entreprises de l’agroalimentaire peuvent non seulement survivre à la crise, mais aussi se transformer en acteurs plus agiles, plus collaboratifs et plus résilients.

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