La première fois que l’on a évoqué la neuro-diversité, c’était lors d’un dialogue avec une amie qui prépare un programme d’entrepreneuriat, et souhaite le rendre unique et singulier. C’est vrai qu’il y a tellement de vrais-faux incubateurs / accélérateurs avec des vrais-faux coachs / experts que l’on a du mal à s’y retrouver ou à évaluer le réel apport. Lorsqu’elle a évoqué le principe de neuro-diversité, en lien avec l’innovation et l’entrepreneuriat, cela a fait tilt. Je me suis dit, il faut que je me renseigne.

L’intelligence est-elle unique ?
Cela ferait un bon sujet d’épreuve de philosophie, c’est d’actualité. A l’heure ou on peut réviser l’essentiel de la philosophie sur TikTok (quand les professeurs sont absents ou juste ennuyeux), et à l’heure où l’intelligence artificielle peut faire parler Socrate, Platon, Kant, Descartes et autres grands penseurs, se poser la question des différentes formes d’intelligence et de leur utilité pour innover ou entreprendre, m’a semblé pertinente. Mais évidemment, comme les intelligences ne se voient pas, comment les identifier, les évaluer, les développer, les faire grandir pour en faire un atout dans le cadre d’une initiative d’intrapreneuriat, d’entrepreneuriat ou de projet innovant au sein d’une structure existante ?

Comment détecter l’invisible ?
Lorsque qu’on évoque la diversité, on pense spontanément à la couleur de peau, au genre ou à l’âge.
On voit bien l’intérêt des langues ou des cultures, des soft skills et des hardskills pour aiguiser la curiosité et la soif de découverte des équipes pluri-disciplinaires.
Il est plus rare de penser spontanément à la neuro-diversité.
- Pourquoi les avancées en neuroscience ne se répercutent pas plus vite dans le monde académique et professionnel ?
- Ne passe-t-on pas à côté d’une opportunité en or, et d’une belle chance pour l’équipe que l’on constitue ?
- Comment aborder cette question en terme d’identification de compétences ou d’évaluation de potentiel ?
Après avoir eu la chance de travailler avec de nombreuses équipes, j’observe que certains sujets sont pris en considération comme critère de diversité et d’inclusion, et d’autres moins.
Même si nous croisons encore souvent des équipes de « copycat », de personnes qui ont à peu près le même profil, des anciens collègues, ou des personnes qui ont les mêmes écoles, le thème des équipes interdisciplinaires commence à faire son chemin, et celles et ceux qui ont tenté de constituer des consortiums ou des équipes pluri-disciplinaire, à travers plusieurs pays et plusieurs cultures, mentionnent régulièrement la richesse des échanges comme source de satisfaction, dans les évaluations annuelles à la clôture des projets ou des évènements.
En ce qui concerne la neuro-diversité, je l’ai moins croisée, (ou alors je ne l’ai pas remarqué !) et le sujet m’intéresse, j’ai envie de creuser.
Celles et ceux qui ont déjà enseigné, communiqué ou sensibilisé sur un sujet ou un autre, se rendent compte que quel.le que soit le sujet, et quel.le que soit la façon de le transmettre, certain.e.s personnes comprennent, d’autres pas ou pas aussi vite. On peut être plus ou moins intéressé par la matière, plus ou moins réceptif à certains messages, à certains contenus ou à certaines méthodes pédagogiques.
Cette hétérogénéité des préférences (ma façon préférée d’apprendre n’est pas la même que la tienne) entraîne une hétérogénéité des besoins d’apprentissage.
C’est bien pour cela que je suis un adepte de la Conception Universelle des Apprentissages.
Je vois bien l’intérêt d’expliquer de façon différente la même chose, précisément en réponse à cette hétérogénéité des besoins et des préférences de mes interlocutrices et interlocuteurs. C’est moins répétitif, plus varié et de façon pragmatique bien plus efficace.
Entre les merveilles des méthodes pédagogiques modernes, les avancées des technologies adaptatives, et ce que nous apprenons chaque jour des avancées en neuroscience, comment s’en saisir de façon concrète et pragmatique ?
- Est-ce que cela peut devenir un principe d’inclusion ?
- Comment le faire vivre au quotidien ?
- Comment y penser la prochaine fois que l’on recrute, que l’on constitue une équipe ou un consortium ?
- Comment monitorer ou mesurer les effets positifs et les éventuels challenges de la neurodiversité ?
L’approche permet-elle de réduire le nombre des équipes qui éclatent ou se disputent sans vraiment savoir pourquoi ? (si oui, imaginez le potentiel de cette opportunité…. Combien de projets ou d’initiatives s’arrêtent en raison des conflits interpersonnels ?).
Nous partageons avec vous ces quelques ressources qui nous ont inspiré pour aller un peu plus loin sur le sujet.
…. Le concept de neurodiversité peut-il révolutionner l’école ? | Cairn.info
Dans cet article, on revient sur la théorie des intelligences multiples (Gartner) et on reprend la définition de la neurodiversité, comme concept créé par Judy Singer, psychologue et sociologue lors de l’écriture de sa thèse dans les années 1990 afin de désigner la diversité des profils cognitifs humains. Elle pose notamment que, comme la biodiversité est essentielle à l’équilibre de notre planète, la neurodiversité est essentielle à l’humanité.
Moi qui suit adepte des équilibres (géopolitiques, gouvernance) et du Ying et du Yang, cela m’a bien plu comme parallèle.
Et en ces temps troubles de guerre et de tensions liées aux changements climatiques, politiques, monétaires et sociologiques, quelques grammes d’équilibre ne devrait pas nous faire de mal.
- Différent selon qui ?
- Qui es-tu pour soutenir que je suis différent ? Selon quelle norme ?
- Ou pour le dire plus directement, qui es-tu pour me juger ?
En creusant un peu, je suis tombé sur ce rapport de 140 pages d’HEC Montreal, qui pose les bonnes questions, et soulèvent les aberrations de la norme, surtout lorsqu’elle est abusivement utilisée pour exclure. En observant les pratiques et leurs divergences, notamment les différences entre les pratiques d’inclusion professionnelle existantes et la théorie de la neurodiversité, j’ai trouvé que c’était une bonne piste de réflexion pour toute organisation qui souhaite s’engager sur la route de la DEI (Diversité, Equité, Inclusion).
…. delhoume_fran_m2021.pdf (hec.ca)
Et comme je ne souhaitais pas m’arrêter là, j’ai cherché des pistes innovantes à la croisée de chemin entre les disciplines (c’est souvent là que je trouve mes petites pépites !)
…. Revue de la neurodiversité / Journal of Neurodiversity – L’espace d’échanges entre les sciences sociales, les pratiques et les savoirs expérientiels / The meeting-space between researchers, professionals, and neurodivergent communities. (revue-neurodiversite.org)
Bref, me voilà convaincu et déterminé, c’est décidé, nous allons désormais expérimenter la neuro-diversité à chaque occasion pour en faire une force.
Concrêtement, comment vais-je mettre en avant cette vision sur la neurodiversité ?
La façon la plus immédiate pour moi, est de créer les occasions de rencontres entre les personnes avec des parcours et des compétences variés ou atypiques, pour observer ce qu’il en ressort.
Evènement, réseautage, ou invitation thématique en petit groupe, je vais varier les formats pour varier les plaisirs.
Pour inclure la neuro-diversité dans un projet en cours, je vais par exemple inclure des profils très variés dans une réponse à un appel à projet sur la durabilité. Le sujet est complexe, on parle de « weaked problem », nous avons dans une certaine mesure quelques clés avec des méthodes et des outils, mais la richesse viendra des échanges.
Et vous, comment avez-vous mis en place la diversité dans votre organisation ?
- Quels exemples réussis souhaitez-vous partager ?
- A quels défis de DEI (diversité, équité, inclusion) êtes-vous confrontés ?
- Comment comptez-vous vous saisir de cette chance à l’avenir ?

Que la force de la neurodiversité soit avec toi !!!
(et dis-nous comment tu fais en commentaire, on a soif d’apprendre !)
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