Comment les entreprises peuvent soutenir les droits humains au quotidien

🌍 Journée des droits de l’homme : Comment les entreprises peuvent agir concrètement le 10 décembre 2025

Le 10 décembre, le monde célèbre la Journée des droits de l’homme, marquant l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. En 2025, le thème principal est : « Droits humains, nos essentiels de tous les jours » (ou « Les droits humains sont positifs, essentiels et accessibles »).

Ce thème est un rappel puissant que les droits fondamentaux ne sont pas de l’ordre de l’abstrait ou du lointain, mais qu’ils sont au cœur de notre quotidien.

Et pour les dirigeant.e.s d’entreprise, c’est une occasion incontournable de réaffirmer leur engagement et de passer de la parole à l’action.

Pourquoi les droits de l’homme sont l’affaire des entreprises

Les droits de l’homme ne concernent pas uniquement les États. En tant qu’acteurs économiques majeurs, les entreprises ont une responsabilité fondamentale de respecter les droits de l’homme tout au long de leur chaîne de valeur, comme le stipulent les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. Un environnement de travail sain, inclusif et équitable est un droit humain fondamental et un moteur de performance.

Voici des actions concrètes que vous pouvez mettre en place au sein de votre organisation pour marquer cette journée et, plus important encore, pour ancrer ces principes au quotidien.


💡 4 Actions Clés pour le 10 Décembre et au-delà

1. Sensibiliser et éduquer vos équipes

Le thème de 2025 souligne que les droits humains sont nos « essentiels de tous les jours ». Pour qu’ils soient appliqués, il faut d’abord que chacun les comprenne.

  • Organisez un atelier de sensibilisation : Proposez une courte formation ou une table ronde sur la Déclaration universelle des droits de l’homme et sur ce qu’ils signifient dans le contexte de votre entreprise (diversité, non-discrimination, droit à la vie privée, conditions de travail décentes).
  • Mettez l’accent sur le devoir de diligence : Expliquez à vos managers comment leurs décisions quotidiennes (embauche, gestion de la performance, relations avec les fournisseurs) impactent les droits humains.
  • Invitez un expert ou une ONG : Faites intervenir un.e spécialiste pour éclairer vos équipes sur les défis spécifiques à votre secteur (par exemple, les droits des travailleurs dans la chaîne d’approvisionnement ou l’impact de l’IA sur la non-discrimination).

2. Examiner vos politiques internes

Cette journée est le moment idéal pour faire le point sur l’accessibilité et l’équité de vos pratiques internes.

  • Audit d’équité salariale : Lancez ou communiquez sur les résultats d’un audit interne pour identifier et corriger les écarts de rémunération injustifiés entre genres ou autres groupes.
  • Réviser la politique anti-discrimination et anti-harcèlement : Assurez-vous que vos politiques sont à jour, clairement communiquées et surtout que vos mécanismes de signalement sont robustes, confidentiels et inspirants confiance.
  • Améliorer l’accessibilité : Si les droits humains sont « accessibles », votre lieu de travail l’est-il aussi ? Évaluez l’accessibilité physique et numérique pour les personnes en situation de handicap.

3. Examiner et renforcer votre chaîne d’approvisionnement

Pour de nombreuses entreprises, le plus grand risque en matière de droits de l’homme se trouve chez leurs fournisseurs.

  • Évaluer les risques liés au travail forcé et au travail des enfants : Engagez-vous à auditer une partie critique de votre chaîne d’approvisionnement. Le 10 décembre, vous pouvez annoncer le lancement d’un nouveau plan de vigilance ou l’adoption d’un code de conduite fournisseur révisé.
  • Privilégier les partenaires engagés : Donnez la priorité aux fournisseurs qui démontrent un respect manifeste des droits humains fondamentaux, y compris le droit d’association et les conditions de travail sûres.
  • Promouvoir le dialogue : Initiez des discussions avec vos fournisseurs clés sur la manière dont vous pouvez collaborer pour améliorer collectivement les standards de travail.

4. Utiliser votre voix et votre plateforme

En tant que dirigeant.e, votre engagement public a un impact significatif sur la culture de l’entreprise et la société.

  • Communiquez publiquement votre engagement : Publiez un message sur vos canaux internes et externes réaffirmant l’engagement de votre entreprise envers les droits de l’homme. Reliez-le au thème de l’année 2025.
  • Soutenir une cause : Saisissez cette occasion pour mettre en lumière et soutenir financièrement une organisation de défense des droits humains alignée sur les valeurs de votre entreprise.
  • Encourager le bénévolat : Proposez une journée de congé payé à vos employés pour qu’ils s’engagent auprès d’associations de défense des droits humains locales.

La Journée des droits de l’homme n’est pas un simple exercice de relations publiques. C’est un rappel annuel que le succès d’une entreprise doit s’accompagner d’une contribution positive à la société.

En faisant des droits humains des « essentiels de tous les jours » au sein de votre organisation, vous ne faites pas qu’assurer votre conformité, vous construisez un lieu de travail plus juste, plus éthique et plus résilient.


Quelle action concrète votre entreprise mettra-t-elle en œuvre pour faire des droits humains une réalité quotidienne ?

Transformer les COP : vers une action climatique concrète

Les Conférences des Parties (COP) sont devenues un rendez-vous annuel crucial pour la lutte contre le changement climatique, mais malgré leur notoriété, elles peinent souvent à produire des avancées concrètes et suffisantes. Pour remédier à cette situation, plusieurs réformes du mécanisme des COP sont nécessaires pour qu’elles aboutissent à des accords contraignants et à des progrès tangibles.

Renforcer la mise en œuvre et la transparence des engagements

L’Accord de Paris, adopté en 2015 lors de la COP 21, lie juridiquement les États à des contributions déterminées au niveau national (CDN) qu’ils doivent réviser et renforcer tous les cinq ans. Cependant, la mise en œuvre est insuffisante, avec un écart important entre les engagements pris et leur application réelle. Pour améliorer cela, il faudrait :

  • Rendre les engagements juridiquement contraignants au-delà de la simple déclaration d’intention
  • Instituer un suivi systématique et rigoureux avec des bilans mondiaux réguliers et transparents, où les progrès sont évalués techniquement par des experts
  • Mettre en place des sanctions ou des mécanismes incitatifs pour les États ne respectant pas leurs engagements
  • Favoriser la transparence avec un cadre de reporting harmonisé et renforcé, ce qui est déjà esquissé dans l’Accord de Paris mais reste à systématiser dans toutes les COP.

Accélérer et garantir le financement climatique

Un autre frein majeur est le sous-financement des mesures d’adaptation et d’atténuation, notamment pour les pays en développement. Il est essentiel de tripler voire de multiplier les financements, en garantissant un accès équitable et rapide. Les COP doivent :

  • Assurer un financement climatique pérenne et prévisible pour permettre aux pays vulnérables de s’adapter et de réduire leurs émissions
  • Mettre en œuvre une plus grande transparence sur l’origine, l’affectation et l’utilisation des fonds
  • Créer des mécanismes simplifiés pour réduire la complexité administrative et accélérer la mobilisation des ressources.

Clarifier et renforcer les mécanismes de marché carbone

Les marchés carbone disposent d’un potentiel pour inciter à la réduction des émissions, mais obèrent la crédibilité des COP s’ils ne sont pas bien régulés. La COP doit définir des règles claires pour éviter les abus, comme la double comptabilisation des crédits carbone, et garantir que ce mécanisme contribue à une réduction réelle des émissions. Cette régulation est indispensable pour que ce levier soutienne réellement la transition énergétique mondiale.

Simplifier le processus décisionnel et promouvoir une coopération équitable

La complexité des négociations, souvent marquée par un grand nombre d’acteurs et des divergences entre pays développés et en développement, ralentit les progrès. Il est proposé de :

  • Limiter la taille des délégations et alléger le processus décisionnel par exemple via des votes majoritaires au lieu de l’unanimité
  • Instauration d’un agenda plus strict pour accélérer les discussions et réduire les blocages
  • Consolider la justice climatique pour que les responsabilités historiques, capacités et vulnérabilités soient mieux prises en compte dans les décisions
  • Favoriser des partenariats inclusifs avec la société civile, les entreprises et les scientifiques pour renforcer la légitimité et l’efficacité des décisions.

L’urgence climatique impose une mise en œuvre rapide et ambitieuse

Les rapports scientifiques montrent que pour rester dans la trajectoire de 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 42% d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Or, les engagements actuels des pays sont insuffisants, et sans changements profonds dans la dynamique des COP, les résultats concrets restent limités.

La COP 30, comme les précédentes, devait servir de catalyseur pour transformer les promesses en actions rapides et mesurables, avec une attention renforcée à l’adaptation et à la justice climatique.

Ces réformes permettent de passer d’une COP essentiellement déclarative à une COP opérationnelle et capable d’impulser une transition mondiale efficace et solidaire face à la crise climatique.

Pour changer la dynamique des COP et les rendre plus efficaces, plusieurs axes doivent être repensés pour remédier à leurs lenteurs et à leurs limites structurelles.

1. Accélérer la prise de décisions et la mise en œuvre

La dynamique actuelle est largement marquée par des négociations longues et consensuelles qui ralentissent l’action. Pour y remédier, il faudrait :

  • Introduire des mécanismes plus contraignants, qui favorisent des votes à la majorité qualifiée plutôt que l’unanimité, afin de débloquer plus rapidement les décisions.
  • Mettre en place des feuilles de route claires avec des échéances strictes post-COP pour garantir la mise en œuvre rapide des décisions, accompagnées de sanctions ou de mécanismes incitatifs.

2. Renforcer le suivi et la transparence

Imposer des rapports réguliers et standardisés sur la mise en œuvre des engagements nationaux, contrôlés par des instances indépendantes, renforcerait la confiance entre parties et permettrait de corriger rapidement les écarts.

3. Mobiliser davantage le financement climatique

La dynamique avance trop lentement faute de financements suffisants, en particulier pour les pays en développement. La création de mécanismes innovants, mélangeant fonds publics et privés, doit être accélérée et simplifiée pour garantir un soutien effectif.

4. Rendre les COP plus inclusives et intégrées

Engager plus largement les acteurs non étatiques (entreprises, collectivités locales, société civile) dans les négociations aiderait à créer une dynamique plus actionnable.

De plus, intégrer davantage les enjeux de biodiversité, désertification et justice sociale permettrait de répondre aux crises climatiques de manière holistique.

5. Mettre l’accent sur l’urgence climatique et les solutions pratiques

La communication et la pression politique doivent orienter la dynamique vers des actions concrètes, fondées sur les preuves scientifiques de la gravité immédiate de la crise climatique.

Les COP doivent impulser un véritable changement de trajectoire dès leur tenue.

Ces réformes transforment les COP d’un rendez-vous diplomatique souvent perçu comme symbolique en une plateforme opérationnelle capable de piloter une action climatique mondiale efficace, rapide et équitable.

Chasse éthique et modernisation : vers une gestion durable

Le rôle de la chasse dans la transition écologique : comprendre, évoluer, agir

La transition écologique implique un changement profond dans notre manière d’interagir avec les écosystèmes. Souvent citée dans les débats, la chasse occupe une place particulière : à la fois pratique traditionnelle, activité de régulation et outil de connaissance du terrain. Pour comprendre son rôle aujourd’hui, il faut dépasser les idées reçues et analyser comment, dans un contexte de changement climatique et de pression anthropique, la chasse peut participer à la protection des milieux naturels.


1. La transition écologique : un défi pour la biodiversité

Les écosystèmes européens sont confrontés à des déséquilibres croissants :

  • Disparition d’habitats due à l’urbanisation et l’agriculture intensive
  • Fragmentation des forêts
  • Prolifération de certaines espèces faute de prédateurs naturels
  • Pressions accrues liées aux sécheresses, maladies et espèces invasives

Dans ce contexte, la gestion des populations animales devient un enjeu scientifique et politique. Les équilibres ne se rétablissent plus seuls : une régulation active est souvent nécessaire.


2. Le rôle historique de la chasse : entre tradition et gestion

Depuis des siècles, la chasse n’est pas uniquement un loisir. Elle a contribué à :

  • Le suivi des populations de gibier
  • La protection de certains habitats (zones humides, landes, forêts)
  • La valorisation de la nature par des réseaux d’observateurs de terrain

Les chasseurs sont souvent les premiers à signaler des anomalies dans la faune : maladies, reproduction atypique, présence d’espèces nouvelles.


3. Régulation des populations : un outil indispensable

En Europe, plusieurs grands prédateurs ont disparu pendant longtemps (lynx, loup, ours), et bien que certains reviennent, ils ne suffisent pas encore à réguler :

  • Cerfs et chevreuils, dont la surpopulation peut empêcher la régénération forestière
  • Sangliers, dont la dynamique démographique explose (climat plus doux, nourriture abondante)
  • Certaines espèces envahissantes, comme les ragondins

Sans régulation, ces populations peuvent causer :

  • Des dégâts agricoles massifs
  • La destruction de jeunes pousses forestières
  • Des accidents de la route
  • Une baisse de la diversité végétale et animale

La chasse, encadrée scientifiquement, devient alors un instrument de gestion durable.


4. Les chasseurs comme acteurs de terrain et producteurs de données

Les fédérations de chasseurs travaillent aujourd’hui avec :

  • Des biologistes
  • Des forestiers
  • Des agriculteurs
  • Des collectivités publiques

Elles participent à :

  • Des suivis de populations (comptages, prélèvements biologiques)
  • Des programmes de réintroduction ou de protection
  • L’entretien d’habitats favorables (haies, mares, clairières)
  • La lutte contre les espèces invasives

Cette collaboration est essentielle pour une transition écologique fondée sur des données fiables et un ancrage local.


5. Une chasse moderne : éthique, sécurité, technologie

L’évolution de la chasse s’inscrit dans une dynamique de modernisation :

Éthique

  • Importance du tir sélectif
  • Limitation des prélèvements
  • Mise en avant du respect de l’animal

Sécurité

  • Formation obligatoire
  • Signalisation, zones sécurisées
  • Coopération avec les communes et les forces de l’ordre

Technologie

  • Balises GPS pour chiens de chasse
  • Jumelles thermiques pour limiter les erreurs d’identification
  • Plateformes de suivi des populations
  • Analyse ADN pour mieux connaître les dynamiques des espèces

Ces outils renforcent la précision, la transparence et la dimension scientifique de la pratique.


6. Vers une chasse intégrée à la gestion durable des territoires

La transition écologique implique une approche globale :

  • Réduire les conflits entre faune sauvage et activités humaines
  • Protéger les ressources forestières et agricoles
  • Maintenir des populations d’animaux en bonne santé
  • Soutenir la biodiversité en favorisant la coexistence

La chasse, lorsqu’elle est responsable, encadrée, transparente et fondée sur la science, devient un maillon essentiel de cette stratégie.


7. Conclusion : un rôle à repenser, pas à éliminer

La chasse ne peut plus être envisagée uniquement comme une tradition ou un loisir. Elle doit être perçue comme :

  • un outil de régulation,
  • un partenaire de la gestion écologique,
  • un observateur privilégié des milieux naturels,
  • un acteur de la cohabitation entre humains et animaux.

La transition écologique ne se fera pas contre les chasseurs, mais avec les chasseurs qui s’engagent dans une démarche moderne, éthique et scientifique. Leur rôle évolue : moins centré sur le prélèvement, plus sur la compréhension, la gestion et la préservation du vivant.

Pour aller plus loin :

Du même auteur : https://www.amazon.fr/stores/Yves-Zieba/author/B0FJWXC2XF/allbooks

Recherche engagée : vers une science ouverte aux besoins sociétaux

🗃️ Le syndrome du silo : quand les chercheurs s’isolent et le monde en paie le prix

Le monde de la recherche, bien qu’étant le moteur de l’innovation et du progrès des connaissances, est parfois miné par un paradoxe : l’enfermement dans des « silos » disciplinaires et institutionnels. Cet isolement se manifeste par des faiblesses notables en matière de réseautage extra-académique, de transmission des savoirs au grand public, d’approche de « service client » envers les utilisateurs potentiels de la recherche, et d’orientation vers les autres acteurs de la société (entreprises, décideurs politiques, associations, citoyens). Les conséquences de cet enfermement sont loin d’être anodines et peuvent s’avérer désastreuses pour la société dans son ensemble.


🌐 Faiblesse du réseautage et de la transmission

Les chercheurs excellent souvent à tisser des liens au sein de leurs réseaux académiques (collaboration de pairs, co-publications, conférences scientifiques). Cependant, le pont vers les acteurs non-chercheurs reste fragile.

  • Réseautage limité : La participation aux événements et aux plateformes où se trouvent les professionnels de l’industrie, les décideurs ou les acteurs sociaux est souvent insuffisante. Les liens sont essentiellement des « liens forts » (entre pairs) au détriment des « liens faibles » (avec d’autres secteurs) pourtant cruciaux pour l’innovation et la diffusion.
  • Transmission hermétique : Le langage scientifique, précis mais jargonnant, est rarement adapté pour une audience non spécialisée. Le manque de formation à la vulgarisation et au dialogue avec les médias rend la transmission des résultats lente, voire incompréhensible. Le savoir produit reste confiné aux revues spécialisées, invisibles pour ceux qui pourraient l’utiliser concrètement.

🤝 Déficit d’orientation et de « service client »

Un autre défi réside dans la posture des chercheurs vis-à-vis des besoins du monde extérieur. L’excellence scientifique est parfois perçue comme une fin en soi, négligeant l’application et l’impact sociétal.

  • Manque d’orientation vers l’action : La recherche est souvent guidée par des questions fondamentales, ce qui est essentiel, mais elle ne se traduit que rarement en solutions concrètes ou en recommandations claires et utilisables pour les politiques publiques ou le développement industriel. L’approche est souvent purement descriptive plutôt que prescriptive.
  • Absence d’approche « service client » : L’idée que la recherche doive répondre à une « demande » ou offrir un « service » au public ou aux entreprises est parfois mal perçue. Cela conduit à une déconnexion entre les thématiques de recherche et les problèmes urgents auxquels la société est confrontée. Le financement et l’évaluation privilégient trop souvent les indicateurs purement académiques au détriment de l’impact réel.

💥 Les conséquences désastreuses de l’isolement

L’enfermement des chercheurs dans leur tour d’ivoire a des répercussions critiques qui freinent le progrès social et économique.

1. Retard dans l’innovation et l’application

L’absence de transfert de connaissances vers les entreprises et les administrations ralentit l’innovation. Des découvertes majeures restent dans les laboratoires pendant des années, faute de ponts pour les transformer en produits, services ou politiques publiques efficaces. Le retour sur investissement public dans la recherche est ainsi diminué.

2. Décalage avec les besoins sociétaux

L’isolement empêche les chercheurs de capter les signaux faibles et les besoins réels du terrain. Les sujets de recherche peuvent s’éloigner des préoccupations majeures (crise climatique, inégalités sociales, santé publique urgente), conduisant à une recherche déconnectée et moins pertinente pour la société.

3. Perte de confiance et méfiance publique

Lorsque le public ne comprend pas le travail des chercheurs, une méfiance peut s’installer. L’absence de communication claire et proactive laisse le champ libre à la désinformation et aux théories du complot, affaiblissant le rôle de la science comme référence fiable dans le débat public. La légitimité de la recherche, financée par l’impôt, est remise en question.

4. Financement et soutien politique réduits

Le manque d’impact et de visibilité auprès des décideurs politiques et du grand public peut se traduire par une réduction du financement de la recherche. Si la valeur ajoutée du travail scientifique n’est pas clairement démontrée, les budgets alloués à la science sont plus susceptibles d’être coupés en période de contraintes budgétaires.


🚀 Sortir du silo : vers une recherche engagée et connectée

Il est urgent d’encourager les chercheurs à casser les murs des silos. Cela passe par la formation au transfert de technologie et à la vulgarisation, la valorisation des collaborations intersectorielles dans les critères d’évaluation, et la création de plateformes de dialogue régulières avec les acteurs non-académiques. La science ne peut atteindre son plein potentiel que lorsqu’elle est ouverte, dialoguante et orientée vers l’impact sociétal. La responsabilité d’une meilleure connexion incombe à la fois aux chercheurs eux-mêmes et aux institutions qui les forment et les financent.

Voici une sélection d’initiatives concrètes et de modèles de collaboration qui illustrent comment les chercheurs réussissent à sortir de leurs laboratoires pour interagir de manière fructueuse avec le monde extérieur.


🤝 1. La Recherche-Action Participative (RAP) et Communautaire

C’est un modèle qui brise véritablement le silo en impliquant directement les acteurs non-académiques dès la conception de la recherche et non pas seulement à la fin.

ModèleDescriptionImpact sur la connexion
Recherche-Action Participative (RAP)Les chercheurs et les praticiens (associations, employés, citoyens) travaillent ensemble pour identifier un problème, mener l’étude, analyser les résultats et mettre en œuvre les solutions directement sur le terrain.Assure une pertinence immédiate de la recherche. Transforme les sujets de la société civile en questions de recherche.
Exemple : Recherche sur l’itinérance ou l’exclusion sociale.Des chercheurs travaillent main dans la main avec des organisations communautaires pour co-construire des politiques de soutien basées sur les données scientifiques et l’expertise de terrain.Les résultats ne sont pas seulement publiés, ils sont appliqués pour améliorer les services publics et les pratiques.

🌐 2. Les Programmes de Transfert de Technologie et d’Innovation

Ces structures institutionnelles sont créées spécifiquement pour servir de pont entre le laboratoire et le marché.

  • Les Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologie (SATT) et Instituts Carnot (France) / Mitacs (Canada) :
    • Description : Ces entités ont pour mission de maturer les inventions issues de la recherche publique (brevets, prototypes) jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à être transférées vers l’industrie. Elles gèrent la propriété intellectuelle (PI) et négocient les licences.
    • Impact : Elles transforment les découvertes académiques en valeur économique (création de start-ups deep tech et licences d’exploitation), forçant les chercheurs à adopter une approche de « service client » vis-à-vis des besoins des entreprises. Mitacs, par exemple, finance des stages de recherche directement dans des entreprises.
  • Les Centres de Transfert de Technologie (CTT) / Hautes Écoles Spécialisées (HES-SO en Suisse) :
    • Description : Ces structures se concentrent sur la recherche appliquée, collaborant intensément avec les PME et les acteurs régionaux pour résoudre des problèmes concrets.
    • Impact : Elles assurent un ancrage fort dans la pratique, garantissant que la recherche répond aux besoins immédiats de l’économie locale (ex: projets sur l’énergie durable comme GeniLac à Genève).

🏛️ 3. L’Éclairage des Décideurs et l’Expertise Politique

Pour lutter contre la déconnexion avec les politiques publiques, des mécanismes sont mis en place pour traduire la science en recommandations actionnables.

  • Programmes Nationaux de Recherche (PNR) (Suisse, Canada) :
    • Description : Ces programmes de grande envergure sont lancés pour répondre à des défis sociétaux majeurs (ex: COVID-19 et société, transition énergétique, inégalités). Ils exigent une composante de transfert de connaissances explicite.
    • Impact : Ils obligent les chercheurs à travailler en interdisciplinarité et à s’adresser directement aux décideurs politiques, produisant des rapports qui éclairent la prise de décision gouvernementale et les politiques publiques.
  • Les Communautés de Pratique (CdP) (Ex: Santé Publique) :
    • Description : Des réseaux réguliers de chercheurs, de professionnels de la santé publique et d’administrateurs se réunissent pour partager et « traduire » les connaissances scientifiques afin de les intégrer dans les protocoles et les politiques de terrain.
    • Impact : Création d’un apprentissage mutuel continu et garantie que les données probantes sont utilisées pour les meilleures pratiques professionnelles.

📢 4. La Vulgarisation et l’Ouverture au Public

Pour briser l’hermétisme, la science s’ouvre au grand public via de nouveaux formats.

  • Les Événements de « Science-Dating » ou Hackathons ou Innovathons (Ex: Défi Source de Thierry Dagaeff en Suisse) :
    • Description : Des événements courts et intensifs où des chercheurs rencontrent des entrepreneurs, des étudiants ou des citoyens pour co-développer rapidement des idées de projets ou des prototypes basés sur une technologie de laboratoire ou un problème de société.
    • Impact : Ces formats agiles créent des réseaux informels puissants et débouchent souvent sur des projets concrets de courte durée, accélérant l’interaction.
  • Mise en place de formation en « Transfert et Mobilisation des Connaissances » :
    • Description : Programmes universitaires (comme ceux de l’INRS au Québec) qui forment spécifiquement les étudiants et chercheurs aux compétences de communication, de négociation, d’analyse des besoins et de mise en contexte de l’information scientifique pour différents publics.
    • Impact : Professionnalisation de la fonction de transfert, comblant le déficit de compétence identifié.

Ces initiatives montrent que l’isolement n’est pas une fatalité.

En changeant les critères d’évaluation, en créant des structures de liaison dédiées et en formant les chercheurs au dialogue, il est possible de transformer la science en un véritable service au bénéfice de toute la société.

Concentrons-nous sur les initiatives visant le transfert de connaissances et les collaborations spécifiquement orientées vers les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les Services Publics, car ces acteurs sont souvent les plus éloignés des grands centres de recherche.


🏭 Transfert vers les Petites et Moyennes Entreprises (PME)

Le principal défi avec les PME est leur manque de ressources (temps, personnel spécialisé) pour intégrer les résultats de la recherche. Les initiatives visent à simplifier l’accès à l’expertise scientifique.

1. Partenariats de Proximité et Chaires Industrielles

  • Dispositifs de stages et d’immersions (ex: Mitacs, CIFRE en France) : Ces programmes financent le placement de chercheurs doctorants ou postdoctoraux directement au sein des PME pour mener des projets de recherche appliquée spécifiques. C’est le chercheur qui se déplace pour combler le déficit d’expertise de l’entreprise.
    • Impact : Intégration directe de l’expertise de pointe dans le tissu entrepreneurial. La PME obtient une solution personnalisée, et le chercheur comprend les contraintes du marché.
  • Plateformes technologiques et Fab Labs universitaires : Les universités ouvrent leurs équipements et plateformes techniques aux PME pour des essais, du prototypage ou de la caractérisation. Des ingénieurs de transfert servent d’intermédiaires pour traduire les besoins de la PME en protocoles scientifiques.

2. Structures Régionales d’Interface

  • Centres Techniques Industriels (CTI) et Hautes Écoles Spécialisées (HES) : Ces structures sont dédiées à la recherche appliquée et au développement (R&D) en partenariat étroit avec le tissu économique local. Elles parlent le langage de l’industrie.
    • Impact : Elles offrent des contrats de recherche courts et ciblés, plus accessibles aux PME que les longs projets de recherche fondamentale. Elles agissent comme un guichet unique pour les questions techniques et d’innovation.
  • Vouchers ou Bons d’Innovation : Les gouvernements offrent de petits financements (vouchers) aux PME pour qu’elles puissent acheter des prestations de recherche ou d’expertise auprès d’une université ou d’un centre de recherche.
    • Impact : Diminution du risque financier pour la PME d’investir dans la recherche, encourageant une première collaboration.

🏛️ Transfert vers les Services Publics (Administrations et Organismes)

Le transfert vers le secteur public vise à éclairer les décisions politiques et à optimiser les services aux citoyens (santé, éducation, environnement) par l’utilisation de données probantes (evidence-based policy).

1. Partenariats Stratégiques et Unités Mixtes

  • Unités de recherche mixtes ou « in-house » : Création d’équipes de recherche permanentes au sein même des administrations publiques (ministères, agences de santé).
    • Exemple : Des économistes ou des sociologues de la recherche travaillant au sein du Ministère de l’Éducation pour évaluer l’efficacité des réformes ou au sein des agences de santé publique pour modéliser l’impact des épidémies.
    • Impact : Les chercheurs comprennent les contraintes réglementaires et budgétaires de l’administration, et les fonctionnaires ont un accès instantané et contextualisé à l’expertise scientifique.

2. Plateformes de Traduction des Connaissances (KT – Knowledge Translation)

  • Synthèses politiques (Policy Briefs) et Notes de Recommandation : Les équipes de transfert des universités ou les think tanks académiques rédigent des documents courts, concis, et non-jargonnants pour les décideurs. Ces policy briefs traduisent les conclusions scientifiques complexes en recommandations opérationnelles claires.
    • Impact : Accessibilité et rapidité de l’information pour les décideurs qui ont peu de temps. Aide à baser les lois et règlements sur des faits vérifiés plutôt que sur des intuitions.

3. Science Citoyenne et Collecte de Données Terrain

  • Projets de Science Citoyenne : Implication directe des citoyens dans la collecte de données (ex: suivi de la qualité de l’eau, recensement d’espèces végétales). Bien que non directement un service public, cela alimente souvent les données utilisées par les services environnementaux.
    • Impact : Sensibilisation du public et production de données massives et géographiquement distribuées qui seraient inaccessibles pour un laboratoire seul, au bénéfice, par exemple, des agences de protection de l’environnement.

Ces modèles montrent que le succès réside dans l’adaptation du format et du rythme de la recherche aux besoins spécifiques des PME et des Services Publics.

Je suis toujours partant pour bâtir des ponts avec les chercheurs et avec les scientifiques, même si je constate souvent que cet enfermement dans des silos isolés est ultra fréquent et malheureusement les habitudes sont difficiles à changer.

Et vous, quelle est votre expérience quand vous souhaitez collaborer avec elles et avec eux ???

Les trouvez vous fermé.e.s et en silo ou ouvert aux collaborations et aux coopérations avec des non-chercheurs ?

Quel modèle de collaboration fonctionne le mieux selon vous pour les motiver à s’ouvrir ?

Agents of change

🌍 Climate Education Day 2025: Learning to Prepare

Climate Education Day 2025 #ClimateEdu25 is a flagship event dedicated to highlighting the critical role of education in building a climate-resilient future. Organized by the Education for Climate Coalition, the 2025 event centers on the theme « Learning to Prepare, » focusing on how education can foster a culture of preparedness in the face of climate change.

Held annually, this virtual event brings together a global community of educators, students, policymakers, and innovators to share pioneering research, green inspiration, and transformative learning strategies.


The Theme: Learning to Prepare

The 2025 theme, « Learning to Prepare, » emphasizes the proactive role of education in equipping societies with the necessary knowledge and skills to navigate climate disruptions and uncertainty. Special attention is given to the principles of the EU Preparedness Union Strategy, exploring how they can inform and inspire educational approaches across Europe and beyond. The day explores how formal and informal educational settings can become active hubs for environmental awareness and resilient practices.


Key Goals and Session Highlights

Climate Education Day is a platform for showcasing action and fostering collaboration. The 2025 programme features a variety of sessions designed to inspire and provide actionable strategies:

  • Global Lessons for European Learning: A roundtable discussion on translating international climate policy commitments into practical, resilience-building strategies for education and training systems.
  • Community Action for Future-Ready Learners: A dive into how local actors, from classrooms to communities, can collaborate to help learners build the skills needed to address climate challenges from an early age.
  • Youth Climate LAB Action Outlook: Celebrating youth-led ideas for embedding climate resilience into education, including outcomes and an action package focusing on traditional ecological knowledge.
  • Green Education Projects: Schools as Living Labs: Showcasing winning projects that transform schools into active centers for sustainability, integrating environmental awareness and green practices into everyday life.
  • Green Education Projects: GreenComp Meets STEM: Presentations on projects that successfully combine the GreenComp framework (European framework for sustainability competences) with Science, Technology, Engineering, and Mathematics (STEM) education to foster future-ready learning.
  • Green Education Projects: Citizenship Education: Exploring innovative projects that empower learners to become engaged, climate-conscious, and socially responsible citizens.

Why Climate Education Matters

The need for robust climate education is more urgent than ever. It is essential for:

  • Building Resilience: Providing learners with the knowledge and practical skills to adapt to the environmental changes already underway.
  • Fostering Green Skills: Preparing the next generation for the rapidly growing green economy and the demand for a climate-educated workforce.
  • Addressing Climate Anxiety: Giving young people age-appropriate information, a sense of agency, and the tools to process their emotional responses to the climate crisis.
  • Civic Engagement: Empowering students to become informed decision-makers and active participants in shaping sustainable communities and policies.

How to Get Involved (#ClimateEdu25)

Participation is encouraged from all stakeholders passionate about the intersection of education and climate action:

  1. Register and Attend: The event is primarily online, making it accessible to a wide global audience. Check the official European Commission’s Education for Climate Coalition website for registration details and the full programme.
  2. Showcase Your Work: Educators, researchers, and project coordinators can submit their innovative Green Education Actions for a chance to be featured and present their work during the event’s spotlight sessions.
  3. Join the Conversation Online: Follow the hashtag $\text{\#ClimateEdu25}$ on social media to participate in discussions, share resources, and connect with other members of the climate education community. Share your school’s or organization’s efforts to prepare students for a climate-ready society.
  4. Implement in Your Institution: Use the inspiration and resources from the day to start or enhance your own school’s Climate Action Plan, focusing on turning educational spaces into active hubs for sustainability.

Apprendre avec l’IA : Stratégies pour les Étudiants Modernes

Découvrir les différentes formes d’IA pour enrichir son apprentissage

L’Intelligence Artificielle (IA) n’est plus un concept de science-fiction, mais une réalité qui façonne notre quotidien, y compris notre manière d’apprendre.

Comprendre les différentes formes d’IA et savoir les utiliser de manière éclairée est essentiel pour tout apprenant moderne.


1. Les grandes familles d’IA

Il existe plusieurs façons de catégoriser l’IA. Pour l’éducation, il est utile de distinguer les types d’IA basés sur leur fonction :

  • IA Prédictive : Cette forme a pour but de classifier des données ou d’anticiper des événements ou des tendances.
    • Exemples : Les systèmes de recommandation de contenus (Netflix, Spotify), les outils de détection de spam dans les e-mails, ou les systèmes d’analyse de données pour anticiper les résultats scolaires.
  • IA Générative : C’est la forme d’IA qui a récemment connu une popularité massive. Elle est capable de produire du contenu original (texte, image, son, code, vidéo) après avoir été entraînée sur d’immenses ensembles de données.
    • Exemples : ChatGPT (texte), DALL-E ou Midjourney (images), les outils de synthèse vocale avancée.
  • IA Réactive/Limitée à la Mémoire : Bien que moins spectaculaires, elles sont la base de nombreuses applications. Les IA réactives (comme Deep Blue aux échecs) réagissent à la situation actuelle sans mémoire passée. Les IA limitées à la mémoire (comme l’IA générative actuelle) utilisent des données passées pour prendre des décisions, mais ne possèdent pas de conscience d’elles-mêmes.

2. Comment découvrir et interagir avec l’IA ?

Découvrir l’IA ne se limite pas à la consulter, mais à l’expérimenter activement :

A. Expérimenter les outils

  • Utilisation des modèles de langage (IA Générative Texte) : Utilisez des outils comme ChatGPT ou Gemini pour :
    • Générer des synthèses de longs articles ou de concepts complexes.
    • Demander des explications simplifiées sur un sujet (agir comme un tuteur).
    • Créer des plans de cours ou des ébauches d’articles.
    • Faire corriger ou améliorer le style d’un texte.
  • Tester les générateurs d’images et de sons :
    • Entraînez-vous à rédiger des prompts précis pour obtenir les résultats souhaités. C’est un excellent exercice de clarté et de précision dans la communication.
    • Explorez les biais en demandant à l’IA de générer l’image d’un « docteur » ou d’un « PDG » et analysez les stéréotypes de genre ou d’origine.

B. Comprendre les principes

  • Apprentissage Machine (Machine Learning) : Cherchez des ressources pour comprendre les bases de l’apprentissage machine :
    • Apprentissage supervisé (l’IA apprend à partir de données étiquetées, ex. : « ceci est un chat »).
    • Apprentissage non supervisé (l’IA trouve des structures cachées dans des données non étiquetées).
  • Réseaux de Neurones et Deep Learning : Comprenez que l’IA, en particulier l’IA générative, repose sur des réseaux de neurones artificiels qui simulent, de manière très simplifiée, le cerveau humain pour identifier des patterns complexes.

3. Apprendre en utilisant l’IA de manière pédagogique et critique

L’IA ne remplace pas l’apprentissage, mais elle le transforme en un partenariat critique.

Rôle de l’IA (en tant qu’outil pédagogique)Votre rôle (en tant qu’apprenant critique)
Assistant à la création : Génère une ébauche de texte, un plan, une image.Éditeur et Valideur : Vérifiez l’exactitude des informations, améliorez et personnalisez la proposition de l’IA. Ne pas copier-coller.
Tuteur Personnalisé : Explique un concept d’une autre manière, crée un quiz.Questionneur Actif : Posez des questions de plus en plus complexes pour approfondir votre compréhension et testez les limites de l’IA.
Outil d’analyse : Résume des textes complexes, traduit, compare des documents.Penseur Critique : Identifiez les biais possibles dans les données générées (stéréotypes, informations incomplètes) et confrontez-les à d’autres sources.
Simulateur : Génère des scénarios de résolution de problèmes.Praticien : Utilisez le scénario comme point de départ pour une réflexion originale et une application concrète.

Un usage responsable et critique est la clé.

L’IA est un outil puissant pour décupler votre efficacité, mais la vérification des sources et le développement de votre propre esprit critique restent des compétences humaines irremplaçables.


En résumé, les IA prédictives et génératives sont les plus utilisées en éducation. Pour les maîtriser, il faut les expérimenter activement (rédiger des prompts précis, analyser les résultats) et adopter une posture de co-créateur critique plutôt que de simple consommateur.

Pour aller plus loin :

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Comprendre l’objet-frontière pour une collaboration efficace

Un concept clé pour comprendre la collaboration, l’innovation et la gouvernance du savoir


Dans un monde de plus en plus fragmenté, où experts, amateurs, décideurs, chercheurs et citoyens doivent constamment collaborer malgré leurs logiques divergentes, comment parvient-on à se comprendre ?
Comment des groupes aux cultures, langages et objectifs différents peuvent-ils co-construire un projet commun sans renoncer à leur identité ?

La réponse, en partie, réside dans un concept puissant né dans les coulisses d’un musée d’histoire naturelle : l’objet-frontière (boundary object), introduit en 1989 par Susan L. Star et James R. Griesemer dans leur article fondateur « Institutional Ecology, « Translations », and Boundary Objects: Amateurs and Professionals in Berkeley’s Museum of Vertebrate Zoology ».


Qu’est-ce qu’un objet-frontière ?

À l’origine, l’objet-frontière désigne un artefact — concret ou abstrait — capable de circuler entre des mondes sociaux hétérogènes tout en conservant une identité suffisamment stable pour être reconnu, tout en restant suffisamment flexible pour être interprété différemment selon les contextes.

Star et Griesemer l’ont observé dans un musée californien où chercheurs, administrateurs, bénévoles, fondations et politiciens ont collaboré pendant des décennies pour créer une collection scientifique, malgré leurs désaccords fonciers sur les priorités, les classifications ou les méthodes.

Leur découverte ?
La coopération durable ne repose pas sur un consensus absolu, mais sur des objets communs — carnets de terrain, cartes, spécimens naturalisés, répertoires — qui servent de points d’ancrage partagés, tout en permettant à chaque groupe de poursuivre ses propres objectifs.

« Un objet-frontière est à la fois assez robuste pour maintenir une identité commune et assez souple pour s’adapter aux besoins locaux. »
— Susan L. Star


Les quatre formes de l’objet-frontière (selon Étienne Wenger)

Le concept a été enrichi par Étienne Wenger, qui en propose une lecture en quatre dimensions :

  1. Abstraction : l’objet simplifie la réalité pour permettre le dialogue entre spécialistes et non-spécialistes.
  2. Polyvalence : il peut être utilisé de multiples façons par différents groupes.
  3. Modularité : ses composantes peuvent être réutilisées ou adaptées indépendamment.
  4. Standardisation : il incorpore des conventions communes (formats, taxonomies, protocoles) qui rendent l’information interprétable.

Prenons l’exemple d’un plan de site web :

  • Le designer y voit une maquette esthétique,
  • Le développeur une structure technique,
  • Le client un reflet de sa marque.
    Pourtant, tous parlent du même document. C’est un objet-frontière.

Pourquoi ce concept est-il si puissant ?

Parce qu’il refuse la vision hiérarchique de la connaissance.
Contrairement à la Théorie de l’acteur-réseau (ANT) de Latour, où un acteur central (le scientifique, l’innovateur) enrôle les autres autour d’un « point de passage obligé », Star et Griesemer proposent une écologie de la coordination :

  • Pas de domination,
  • Pas d’unique traducteur,
  • Mais une multiplicité de traductions qui coexistent.

L’objet-frontière devient alors un médiateur, un espace de négociation, un lieu de compromis vivant — pas une solution imposée, mais un terrain d’entente en perpétuelle construction.


Où retrouve-t-on des objets-frontières aujourd’hui ?

Le concept a traversé les disciplines et irrigué des domaines aussi variés que :

🔬 La recherche scientifique

  • Une carte écologique qui permet à des biologistes, des géographes et des décideurs locaux de discuter d’un territoire menacé.
  • Un protocole standardisé de prélèvement, utilisé à la fois par des chercheurs universitaires et des citoyens-scientifiques.

🏭 L’innovation et la conception

  • Un schéma technique partagé entre ingénieurs, designers et clients.
  • Un modèle 3D dans un projet de conception assistée par ordinateur (CAO), interprété différemment selon les métiers.

🏢 Le management des connaissances

  • Un tableau de bord qui synthétise des données pour des directions financières, marketing et RH.
  • Un ERP (progiciel de gestion intégré), qui force à la standardisation tout en laissant place à des usages locaux.

🌍 La gouvernance et la participation citoyenne

  • Une carte interactive sur les effets du changement climatique, utilisée par des scientifiques, des journalistes et des collectifs militants.
  • Un récit d’entreprise qui sert de base à l’identité organisationnelle, tout en étant réinterprété par chaque service.

L’objet-frontière comme infrastructure invisible

Ce qui rend le concept encore plus profond, c’est que l’objet-frontière n’existe jamais seul.
Il s’appuie sur une infrastructure invisible : normes, formats, classifications, conventions techniques.
Et cette infrastructure, une fois stabilisée, devient performative : elle façonne les actions, les décisions, parfois même les réalités.

Par exemple :

  • Une classification médicale (comme le CIM-10) ne décrit pas seulement des maladies — elle les crée, en les rendant visibles, finançables, traçables.
  • Une norme ISO ne régule pas seulement des processus — elle structure des organisations entières.

Susan Star insiste sur ce point :

« L’infrastructure ne part pas de rien. Elle se bat avec l’inertie de ce qui existe déjà. »


De l’objet-frontière à l’organisation-frontière

Le concept s’est étendu au-delà des artefacts.
On parle désormais de boundary spanning individuals (individus-relais), de boundary organizations (organisations-frontières), voire de boundary work (travail de frontière) — autant de figures qui négocient entre mondes.

Par exemple :

  • Un chef de projet qui traduit entre la technique et le business,
  • Une ONG qui articule science et action publique,
  • Un modérateur de communauté qui fait le lien entre développeurs et utilisateurs.

Pourquoi ce concept nous concerne tous aujourd’hui ?

Parce que nous vivons dans un monde de frontières :

  • Entre disciplines,
  • Entre secteurs (public/privé/citoyen),
  • Entre expertises et savoirs vernaculaires,
  • Entre numérique et physique.

Et pour avancer, nous avons besoin d’objets qui tiennent le lien — pas des outils neutres, mais des alliés relationnels, capables de transporter du sens sans le trahir.

Dans une ère marquée par la complexité, la fragmentation et la méfiance, l’objet-frontière est une boussole.
Il nous rappelle que la collaboration ne passe pas par l’uniformisation, mais par la reconnaissance de la diversité — à condition d’avoir des points d’appui communs.


Et si votre prochain projet avait besoin d’un objet-frontière ?

Posez-vous ces questions :

  • Quel artefact pourrait servir de terrain d’entente entre les parties prenantes ?
  • Quelle représentation (carte, modèle, document, outil) permettrait à chacun d’y voir son intérêt, sans trahir sa logique propre ?
  • Quelles conventions invisibles soutiennent déjà cette collaboration ?

Car ce n’est pas la convergence des idées qui crée la coopération,
mais la circulation d’objets qui portent à la fois unité et diversité.


En résumé :
L’objet-frontière, né dans un musée, est devenu un outil fondamental pour penser la coordination, l’innovation et la gouvernance collaborative.
Il nous invite à concevoir les outils non pas comme des solutions techniques, mais comme des médiateurs sociaux, capables de tisser du sens entre mondes hétérogènes.

« Ce ne sont pas les gens qui doivent s’adapter aux systèmes. Ce sont les systèmes qui doivent permettre aux gens de coexister. »
— Susan L. Star

Pour aller plus loin sur les objets frontières :

How Ocean Health Impacts Human Well-being

Why the Ocean’s Health is Your Health: The Essential Commitment

The health of humanity and the health of the ocean are not separate issues—they are inseparably linked. While my research didn’t pinpoint a specific organization named « Syntezia, » the global conversation around this vital connection highlights a core commitment that every individual and organization must embrace.

Our planet’s marine environment is not just a scenic backdrop; it is the blue heart of our climate, a source of sustenance, and an essential foundation for human well-being. Any meaningful commitment to a sustainable future must focus on protecting and restoring this resource.

Here is a look at the essential commitments driving the global movement to safeguard our oceans and, in turn, ourselves:

1. Recognizing the Inextricable Link

The first and most fundamental commitment is the recognition that a healthy ocean is a prerequisite for a healthy human population.

  • Food and Medicine: The ocean provides a crucial source of protein for billions of people and is a vast, largely untapped resource for potential new pharmaceuticals and green technologies.
  • Climate Regulation: As the planet’s largest carbon sink, the ocean absorbs vast amounts of CO2​, regulating the global climate system that makes life on Earth possible.
  • Mental and Physical Wellbeing: Access to « blue spaces »—healthy coasts and marine environments—is increasingly recognized by public health professionals for its positive impact on mental and physical health.

2. Addressing the Triple Threat to Marine Life

Protecting our oceans requires a proactive commitment to fight the major pressures they face—often referred to as the « triple planetary crisis »:

  • Climate Change: A commitment involves addressing ocean acidification (caused by absorbing excess CO2​) and ocean warming, which severely threatens biodiversity, particularly vulnerable ecosystems like coral reefs.
  • Biodiversity Loss: This means implementing and enforcing policies that promote sustainable resource use and regulate harvesting to end destructive practices, illegal fishing, and overfishing.
  • Pollution & Waste: A major focus is placed on preventing and significantly reducing all marine pollution, especially plastics and microplastics, which enter the food web and pose a known risk to both marine life and human health.

3. Action Areas for a Healthy Future

To translate commitment into real-world impact, global initiatives focus on these actionable pillars:

Commitment AreaThe ActionThe Human Health Benefit
Ecosystem RestorationInvesting in the protection and restoration of critical habitats like mangroves, seagrass, and coral reefs.These ecosystems act as natural storm buffers, protecting coastal communities from extreme weather and flooding.
Sustainable PracticesPromoting equitable and sustainable management of fisheries and marine tourism.Ensures long-term food security for vulnerable communities and supports stable economic livelihoods.
Scientific AdvancementFunding interdisciplinary research to map, monitor, and predict threats from toxins (e.g., harmful algal blooms) and contaminants.Leads to earlier detection and prevention of seafood-related illnesses and better public health guidelines.
Global CollaborationSupporting international agreements and fostering partnerships among scientists, policymakers, and coastal communities.Creates a holistic governance framework necessary for managing a shared, global resource effectively.

The journey to secure a thriving planet demands that we all recognize our role as stewards of the ocean. By championing the health of the world beneath the water, we are fundamentally investing in the resilience and well-being of every person on Earth.

#WorldMaritimeDay

Leader Bas Carbone : Stratégies pour le CBAM et l’EU-ETS 2

Le CBAM et l’EU-ETS 2 : comprendre les nouvelles règles du jeu

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) et le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (EU-ETS) sont deux outils clés de la politique climatique de l’UE.

Le CBAM, souvent appelé « taxe carbone aux frontières », est un droit de douane qui s’applique à l’importation de certains biens (comme le fer, l’acier, le ciment, l’aluminium, les engrais et l’électricité) dans l’UE. Son objectif est d’éviter la fuite de carbone, c’est-à-dire le déplacement de la production vers des pays où les normes environnementales sont moins strictes. Il garantit que les produits importés sont soumis à un prix du carbone similaire à celui des produits fabriqués dans l’UE.

L’EU-ETS est un marché du carbone qui impose une limite sur la quantité totale de certains gaz à effet de serre que les installations (usines, centrales électriques) peuvent émettre. Les entreprises doivent acheter des quotas d’émission pour chaque tonne de CO₂ qu’elles rejettent. L’EU-ETS 2, ou SEQE-UE 2, étend ce système à de nouveaux secteurs comme les bâtiments et le transport routier, et y applique un prix du carbone.


Transformer la contrainte en opportunité : devenir un leader bas carbone

Plutôt que de voir le CBAM et l’EU-ETS 2 comme de simples taxes, les entreprises peuvent les utiliser pour se positionner comme des leaders de la transition bas carbone. Voici comment :

1. Mesurer et réduire son empreinte carbone : la première étape

Le premier pas est de calculer avec précision l’empreinte carbone de vos produits et de vos activités. Cela inclut les émissions directes (scope 1), les émissions liées à l’énergie achetée (scope 2) et, de plus en plus, les émissions de la chaîne de valeur (scope 3). Plus votre empreinte est faible, plus vous êtes compétitif.

  • Pour le CBAM : une entreprise importatrice qui connaît l’empreinte carbone de ses fournisseurs peut mieux anticiper les coûts et choisir des fournisseurs moins émetteurs, voire négocier de meilleurs prix.
  • Pour l’EU-ETS 2 : une entreprise concernée par les nouvelles règles (transport, bâtiments) peut identifier les sources d’émissions et mettre en place des actions pour les réduire, ce qui diminue le besoin d’acheter des quotas d’émission coûteux.

2. Anticiper et investir dans des technologies propres

Ces réglementations incitent à l’investissement dans des technologies plus propres : électrification des flottes de véhicules, isolation des bâtiments, adoption de procédés de fabrication à faible émission, utilisation d’énergies renouvelables. Ces investissements, bien que coûteux à court terme, sont rentables à long terme car ils réduisent le fardeau fiscal lié au carbone.

  • Une entreprise qui investit dans l’efficacité énergétique de ses bâtiments aura un avantage direct lorsque l’EU-ETS 2 s’appliquera.
  • Un fabricant de produits qui dépend moins de matières premières à forte intensité carbone (comme le ciment ou l’acier traditionnels) sera moins affecté par le CBAM.

3. Communiquer sa performance environnementale : un atout marketing

Les consommateurs et les partenaires commerciaux sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales. Une entreprise qui peut prouver ses efforts de réduction des émissions se distingue de ses concurrents. Cette transparence renforce la confiance et l’image de marque.

  • Mettez en avant le caractère « bas carbone » de vos produits sur vos emballages ou dans vos campagnes de communication.
  • Communiquez vos résultats et vos objectifs de réduction des émissions dans vos rapports de durabilité.

4. Bâtir une chaîne d’approvisionnement résiliente

Le CBAM et l’EU-ETS 2 peuvent révéler les vulnérabilités de votre chaîne d’approvisionnement. En identifiant les fournisseurs les plus émetteurs, vous pouvez entamer des collaborations pour les aider à réduire leurs émissions ou, si nécessaire, chercher des alternatives locales ou plus durables. Une chaîne d’approvisionnement plus « verte » est aussi une chaîne plus résiliente, moins exposée aux futurs coûts et réglementations liés au carbone.

En conclusion, le CBAM et l’EU-ETS 2 ne sont pas une fin en soi, mais des catalyseurs de la transition énergétique. Les entreprises qui agissent de manière proactive, en mesurant, en investissant et en communiquant sur leurs efforts, ne se contentent pas de se conformer à la loi : elles transforment une contrainte fiscale en un avantage concurrentiel durable.

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Du même auteur : https://www.amazon.fr/stores/Yves-Zieba/author/B0FJWXC2XF

La pensée systémique en action

De la théorie à l’application concrète en entreprise 🚀

Dans le monde des affaires d’aujourd’hui, l’approche traditionnelle, qui consiste à diviser les problèmes en petites parties pour les résoudre, montre ses limites. Les crises financières, les ruptures technologiques et les défis organisationnels ne sont pas des événements isolés ; ce sont les symptômes d’un système complexe et interconnecté. C’est ici qu’intervient la pensée systémique, une discipline qui nous apprend à voir la forêt et non plus seulement les arbres.

Cet article explore ce concept puissant, en le rendant accessible et applicable à votre quotidien professionnel. Nous plongerons dans des exemples concrets et des cas d’usage en entreprise pour vous montrer comment la pensée systémique peut révolutionner votre manière de diriger, de résoudre des problèmes et de créer des organisations résilientes.


1. Qu’est-ce que la Pensée Systémique ?

La pensée systémique est un changement de paradigme. Au lieu de se concentrer sur les composants individuels d’un système, elle se focalise sur les relations et les interdépendances entre eux. Elle nous invite à nous poser des questions fondamentales :

  • Comment les actions d’un département affectent-elles les autres ?
  • Quels sont les boucles de rétroaction qui renforcent ou stabilisent un phénomène ?
  • Où se situent les points de levier, ces endroits où une petite intervention peut produire un grand effet sur le système ?

La clé est de comprendre que le comportement d’un système n’est pas la simple somme de ses parties, mais un phénomène émergent qui découle de leurs interactions.


2. Le Cœur de la Pensée Systémique : Les Boucles de Rétroaction

Le concept le plus important de la pensée systémique est celui des boucles de rétroaction (feedback loops). Elles décrivent comment une action à un endroit du système finit par revenir sur elle-même pour influencer son point de départ. Il en existe deux types :

  • Boucles de Renforcement (Cercles Vertueux ou Vicieux) : Elles amplifient une tendance. Par exemple, une bonne réputation (A) attire de nouveaux clients (B), ce qui améliore les résultats financiers (C), ce qui permet d’investir dans le marketing (D), renforçant ainsi la bonne réputation (A). C’est un cercle vertueux. À l’inverse, une mauvaise qualité de produit peut entraîner une perte de clients, ce qui réduit les revenus et la capacité à investir dans l’amélioration, créant un cercle vicieux.
  • Boucles d’Équilibrage : Elles cherchent à maintenir la stabilité et à ramener un système à son état d’équilibre. L’exemple le plus simple est un thermostat : si la température baisse, le chauffage s’allume pour la faire remonter, et vice-versa. Dans une entreprise, une équipe qui a du retard sur un projet peut être amenée à faire des heures supplémentaires pour rattraper son retard.

Un penseur systémique sait identifier ces boucles pour les activer (dans le cas des cercles vertueux) ou les briser (dans le cas des cercles vicieux).


3. Études de Cas Concrètes en Entreprise

La pensée systémique n’est pas une théorie abstraite. Elle se révèle particulièrement puissante lorsqu’elle est appliquée à des problèmes réels.

Cas d’usage n°1 : Résoudre des Retards de Production Chroniques

Une entreprise de fabrication subit des retards de production récurrents. La direction a d’abord blâmé les ouvriers, puis les machines, avant d’envisager des recrutements massifs. En utilisant la pensée systémique, ils ont dessiné un diagramme de causalité qui a révélé une boucle vicieuse cachée.

  • Problème initial : Pression sur les équipes pour respecter des délais serrés.
  • Conséquence : Les ouvriers, sous pression, réduisent le temps alloué à la maintenance préventive pour gagner du temps.
  • Conséquence inattendue : Le manque de maintenance entraîne une augmentation des pannes des machines.
  • Conséquence finale : Les pannes génèrent des retards de production, ce qui augmente encore la pression sur les équipes, et la boucle se referme.

Le point de levier : La solution n’était pas de recruter, mais de modifier la politique de rémunération pour valoriser non pas la vitesse de production, mais le respect du plan de maintenance et la qualité. En agissant sur ce point de levier, l’entreprise a brisé le cercle vicieux et a restauré un équilibre sain.

Cas d’usage n°2 : Améliorer la Satisfaction Client

Un éditeur de logiciels fait face à une augmentation des appels à son service client. La première réaction a été de recruter de nouveaux agents. L’analyse systémique a révélé une boucle d’équilibrage qui masquait le problème réel.

  • Problème initial : Les clients ne trouvent pas l’information sur le site web.
  • Symptôme : Ils appellent le service client, qui est submergé.
  • Conséquence : Les agents n’ont pas le temps de documenter les problèmes récurrents ou de les remonter à l’équipe de développement.
  • Conséquence finale : Le site web reste inchangé, ce qui pousse de nouveaux clients à appeler. Le recrutement d’agents aurait simplement ajouté de la capacité à un système défectueux.

Le point de levier : La solution a été de créer un canal de communication direct et rapide entre le service client et l’équipe web. Les agents ont pu signaler en un clic les informations manquantes sur le site, permettant à l’équipe de développement d’agir directement sur la cause. En quelques mois, le nombre d’appels a chuté de 60%.


4. Le Leadership Systémique : Un Rôle de « Jardinier »

Le leader systémique n’est pas un « manager-héros » qui a toutes les réponses, mais un « leader-jardinier » qui crée les conditions pour que son organisation prospère. Il ne cherche pas à contrôler les individus, mais à concevoir un environnement où l’intelligence collective peut s’épanouir.

Ses compétences clés sont :

  • La vision holistique : Voir les connexions invisibles.
  • L’art de la question : Poser des questions comme « Quelles sont les dynamiques à l’œuvre ? » plutôt que « Qui est responsable ? ».
  • La culture de l’expérimentation : Tester des petites interventions pour observer leurs effets sur le système.

En conclusion, la pensée systémique est bien plus qu’une théorie ; c’est un cadre d’action pour le 21e siècle. Elle nous invite à passer d’une logique de la réparation à une logique de la conception, pour construire des organisations qui non seulement résolvent les problèmes, mais sont aussi capables de s’adapter, d’apprendre et de prospérer durablement dans un monde complexe.

Pour aller plus loin :

Du même auteur : https://www.amazon.com/stores/Yves-Zieba/author/B0FJWXC2XF

De la même collection : https://www.amazon.com/dp/B0FK2X51G4