Et si nous évaluions les compétences des candidat.e.s avant de choisir pour qui voter …

Au moment où George Clooney invite le Président Joe Biden à se retirer de la course à la présidentielle américaine, ce dernier se considère toujours comme « le plus qualifié ».

Ce qui semble évident pour les téléspectateurs, semble impossible pour les partis politiques.

Hasard du calendrier, après trois scrutins rapprochés en France, les médias ont pu détecter certaines « erreurs de casting » manifestes au sein des investitures de certains partis politiques, pour le dire gentiment.

Pour le dire de façon plus directe, on se rend compte qu’il est possible de se retrouver à voter pour un inconnu parachuté, pas ancré, ou pour une personne incapable de répondre à la moindre question de fond sur la politique qu’il/elle serait amener à mettre en oeuvre en cas d’élection.

A l’inverse, je fais l’hypothèse que la société passe à coté de personnes très qualifiées, parfaitement capables, mais qui se sont fait « barré » la route par je ne sais quel « jeu d’acteur » ou autre trahison.

Voter pour élire des représentant.e.s sans les connaître, et sans connaître leurs compétences, est-ce que cela a encore un sens ?

Dans l’entreprise, la situation est toute autre, puisque certaines organisations privées empilent les couches de sélection pour maximiser leurs chances de réussite, i.e. tests d’aptitudes, tests de personnalité, mise en situation, centres d’évaluation de compétences… On passe « sur le grill », et le recruteur ou la recruteuse doit tout savoir (trop ?) notamment pour les postes de débutants et pour les « graduate programs ».

A quoi ressemblerait un entretien d’embauche pour femme ou homme politique ?

J’ai le sentiment que les exigences (en terme de compétences et de connaissances) que l’on place sur nos jeunes recrues dans le secteur privé sont à des années lumières de celles que nous plaçons sur celles et ceux qui vont nous représenter pour des enjeux tellement plus importants.

D’un coté, toute une panoplie de tests pour finalement rejeter beaucoup de candidats très valables, de l’autre quasiment aucun filtre pour des postes majeurs. Je comprends volontiers que « vouloir c’est pouvoir », mais ce système montre toutes ces limites.

  • Ne devrions nous pas plutôt calibrer les filtres de sélection selon l’importance relative des enjeux ?
  • Le temps n’est-il pas venu de connaître les compétences et les connaissances réelles de celles et ceux qui nous représentent ?
  • Ne serait-il pas plus facile de voter, si nous connaissions mieux les candidat.e.s ?

A quand un descriptif de poste et des entretiens de sélection avec des citoyens (ou des journalistes) avant les investitures ?

Au lieu de prétendre être bon sur tous les sujets, pour prétendre pouvoir représenter tout le monde sur tous les sujets, et en réalité, n’en connaître aucun en profondeur, et se faire débusquer par le premier journaliste un peu mordant, les candidat.e.s aux élections ne devraient-ils/elles pas plutôt miser sur leurs vraies compétences, en faire des points forts et communiquer sur ce qu’elles/ils savent vraiment bien faire. Suffit-il d’avoir un costume et une cravatte pour faire un bon candidat ???

Belle idée me direz-vous, mais qui sera disposée à se livrer ainsi publiquement ?

Les candidat.e.s les moins bien préparé.e.s aux joutes des médias sont désormais moqué.e.s sur les réseaux sociaux, et les vidéos de leurs (absences de) réponses ou de leurs (absences d’) arguments clairs.

Plutôt que de voter pour des inconnus sans connaître leurs compétences, ne devrions-nous pas aller un cran plus loin en tant que citoyen et demander à en savoir davantage sur les compétences réelles de celles et ceux qui se présentent ?

N’est-ce pas finalement un service à rendre aux candidat.e.s que de les informer mieux sur les attentes liées au poste, sur leurs aptitudes réelles (vs supposées) et de leur donner les moyens de s’auto-évaluer avant de se « prendre le mur » des médias. Une petite formation aux médias (interview, débat, discours, panel, micro-trottoirs…) ne semble pas superflu, si on ne veut pas finir en boucle TikTok dans les « perles des élections ». Au delà de la petite plaisanterie, ce sont assuremment des carrières qui se font et se défont beaucoup plus vite qu’auparavant.

Coté citoyen.ne.s, comment organiser ce genre de centre d’évaluation de compétences préalables aux élections ?

Est-ce que cela pourrait s’organiser de façon cordiale tout en obtenant les informations nécessaires à un choix éclairé ?

Qui parmi nous pourrait faire partie de « jury » pour ces candidat.e.s aux futures élections ?

Les candidat.e.s seraient-ils partant.e.s pour jouer le jeu ?

Se réfugieront-ils/elles dans des postures ou dans des prétextes du type « je n’ai pas à me justifier » pour éviter de rentrer dans le jeu et de rester vague sur leurs compétences réelles ?

Après tout, cela pourrait aussi les aider à mieux positionner leurs carrières sur l’échiquier politique.

Comment rendre ces nominations et ces investitures plus justes, plus transparentes et moins biaisées ?

Et vous, si vous deviez préparer l’entretien d’embauche de votre futur.e député.e, élu.e, président.e ou vice-président.e, quelles questions aimeriez vous lui poser pour en savoir plus sur ces aptitudes réelles ?