Innover pour un multilatéralisme florissant à Genève

Face au déclin du multilatéralisme et aux récentes actions des États-Unis sous l’administration Trump, qui ont fortement impacté les organisations internationales basées à Genève, il est crucial d’envisager de nouvelles perspectives pour que Genève maintienne sa position de pôle multilatéral.

La « Cité de Calvin » possède des atouts indéniables, mais doit s’adapter à un paysage géopolitique en mutation.


Défendre et valoriser les atouts intrinsèques de Genève

Genève bénéficie d’une concentration unique d’organisations internationales, de la neutralité suisse, et d’une taille humaine qui facilite les interactions. Ces éléments sont essentiels à préserver et à promouvoir activement.

  • Mettre en avant la « diplomatie de proximité »: Souligner l’avantage que représente la concentration des acteurs à Genève, permettant des rencontres informelles et des négociations facilitées. Il faut insister sur le fait que la proximité physique des décideurs et négociateurs est un catalyseur irremplaçable pour la résolution de problèmes mondiaux complexes.
  • Renforcer le statut de la Suisse comme pays hôte neutre: La neutralité de la Suisse est un atout majeur, offrant un espace de dialogue impartial. Genève doit capitaliser sur cette image pour attirer de nouvelles initiatives ou consolider celles existantes, notamment en médiation et arbitrage.
  • Promouvoir l’expertise locale: Genève abrite une richesse d’experts et de savoir-faire dans des domaines variés (santé, droits de l’homme, commerce, environnement, migration). Il est crucial de valoriser cette expertise, notamment celle de l’Université de Genève et des instituts de recherche, pour positionner Genève comme un centre d’excellence intellectuelle au service du multilatéralisme.

Diversifier les partenariats et les sources de financement

Avec le retrait progressif de certains contributeurs majeurs, notamment les États-Unis, Genève doit activement chercher à diversifier ses appuis et ses financements.

  • Engager davantage les puissances émergentes: La Chine se positionne comme un défenseur du multilatéralisme et est à l’origine de nouvelles initiatives comme l’Organisation internationale des médiations (OIM) et la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII). Genève devrait explorer les opportunités de collaboration avec ces nouveaux acteurs, tout en restant vigilante sur les principes fondamentaux du droit international. Cela pourrait inclure l’établissement de partenariats sur des thématiques spécifiques où les intérêts convergent.
  • Renforcer la collaboration européenne: Les pays européens sont « tétanisés » mais restent des acteurs clés. Genève doit consolider ses liens avec l’Union Européenne et ses États membres pour obtenir un soutien politique et financier accru, et pour élaborer une stratégie européenne commune de défense du multilatéralisme.
  • Développer les partenariats public-privé et philanthropiques: Face à la crise budgétaire des organisations, la recherche de financements alternatifs auprès de fondations, d’entreprises socialement responsables et de donateurs privés est essentielle. Genève peut se positionner comme un hub pour la philanthropie internationale orientée vers les défis mondiaux.

Innover et adapter le modèle multilatéral

Le multilatéralisme tel qu’il existe est jugé « dysfonctionnel ». Genève doit être un laboratoire d’idées pour sa réinvention.

  • Devenir un centre d’expérimentation pour de nouvelles formes de gouvernance globale: Si le multilatéralisme traditionnel est en déclin, Genève peut proposer des modèles alternatifs ou complémentaires. Cela pourrait inclaire des initiatives de « multilatéralisme à la carte » où les coalitions d’acteurs (États, villes, société civile, entreprises) se forment autour de défis spécifiques, en dehors des cadres institutionnels rigides.
  • Miser sur la médiation et la diplomatie préventive: Face à l’échec du règlement des conflits par des approches purement juridiques (OMC) ou des interventions armées, Genève, avec son expertise en médiation et bons offices, peut se positionner comme le centre mondial de la diplomatie préventive et de la résolution pacifique des différends, en valorisant des approches basées sur le dialogue et la recherche de consensus, comme le propose la Chine.
  • Investir dans la digitalisation du multilatéralisme: Bien que les interactions physiques soient irremplaçables, les outils numériques peuvent compléter et soutenir le travail multilatéral, notamment en période de contraintes budgétaires ou de restrictions de déplacement. Genève pourrait développer des plateformes innovantes pour la collaboration à distance, l’échange d’informations et la prise de décision.
  • Focaliser sur des domaines thématiques où Genève excelle: Plutôt que de tenter de tout conserver, Genève pourrait concentrer ses efforts et ses ressources sur les domaines où elle a une expertise et une reconnaissance mondiales, tels que la santé mondiale, le travail, le commerce, l’environnement, les droits de l’homme, le droit humanitaire, les migrations et le désarmement. Cela permettrait de renforcer sa position sur ces piliers essentiels.

En adoptant une approche proactive, diversifiée et innovante, Genève peut non seulement faire face à la crise actuelle du multilatéralisme, mais aussi en émerger renforcée en tant que centre vital pour la gouvernance mondiale de demain.

Quelles pistes vous semblent les plus prometteuses pour Genève dans ce contexte ?

De rien au milliard en 80 board meetings

Puisqu’il parait que nous sommes en crise, j’ai voulu m’intéresser à un contre-exemple, pour le plaisir du contrepied de la morosité ambiante et aussi pour faire vivre l’espoir de la résilience et du rebond économique.

Commander à manger avec un téléphone, et se faire livrer par des petits bonhommes verts à vélo, cela ne doit pas être bien difficile. Combien cela peut valoir ???

Il y a huit ans, naissait Deliveroo et demain, ils réalisent leur IPO.

Que de chemin parcouru pour ces cyclistes à la boite verte !!! J’ai voulu chercher à comprendre comment ils réussissent une telle performance. Jugez en vous-même :

  • De 0 à un milliard en 4 ans
  • Le passage du early stage au growth stage au IPO en moins de huit ans (pour lever un milliard de £)
  • Un IPO en pleine crise COVID19
  • En faisant l’hypothèse de 10 board meeting par an pendant 8 ans, cela semble être un bon cas à analyser.

Que peut-on retenir comme leçon de cet exemple ?

Est-ce réplicable ?

Comment ont-ils réussi un tel exploit économique ?

Il m’a semblé intéressant de regarder l’évolution de ce cas d’école en observant son board, et d’illustrer ce qui s’est passé pendant les 8 ans qui ont précédé l’IPO de demain.

Historiquement:

  • 2 fondateurs en 2013 (un quitte en 2016)
  • Arrivée de 2 VC dès 2014
  • Evolution du Board de 3 à 10 entre 2015 et 2020
  • Arrivée d’un CVC massif au bout de 6 ans (Amazon)
  • Arrivée du premier NED 4 ans après la Serie A
  • Arrivée massive de plusieurs Non Executive Director à l’approche de l’IPO
  • Gouvernance peu indépendante surtout au début
  • 2 levées de fonds majeures chaque année.
  • Un Super CFO qui arrive pour l’IPO.

Nous verrons bien ce que l’IPO donnera demain. 390 cents par action. Objectif, le milliard de livres sterling.

Et vous,

  • pensez-vous que le modèle est réplicable ?
  • d’ailleurs est-ce plutôt un modèle ou un contre-modèle ?
  • selon vous, qui sera le prochain Deliveroo ?

Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous recommende:

https://www.lynxbroker.fr/portail-bourse/articles/deliveroo-ipo/

https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/forte-demande-en-vue-pour-l-ipo-de-deliveroo-a-londres-1955345.php

https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/IPO-Deliveroo-nbsp-ce-sera-du-bas-de-fourchette–32834244/